Route des Grandes Alpes 2006 (partie 2)
Samedi 29 juillet – Les Orres – Embrun – Guillestre - Col de Vars – Col de Restefond/Col de la Bonnette – Col de la Couillole – Col de la Cayolle – Barcelonnette – Lac de Serre Ponçon – Embrun – Les Orres.
Départ samedi matin, 9h, pour ce qui va être sans doute la plus grosse journée, mais de loin la plus belle…
La circulation est tellement dense à Embrun, que je décide de couper par les petits villages, en bas de la côte, à Barratier. De cette petite route, on voit bien que la ville d’Embrun est construite sur un rocher.
Après Saint Clément sur Durance, je vais faire un tour à la Source d’Eaux Chaudes, c’est toujours curieux, mais d’habitude j’y passe l’hiver, et la sensation est toute autre…
J’ai pris une photo où les gens se baignent dans les bacs d’eau chaude, pour profiter de ses propriétés que je ne connais pas… mais qu’on dit excellentes… je ne la publie pas, car je n’ai pas leur accord !!!
Je file ensuite direction le Col de Vars, premier col d’une longue et belle série encore aujourd’hui… La route est étroite, et ma foi, les acottements sont plus que douteux… certes il n’y a pas de vide de chaque côté, mais je reste néanmoins prudente… et puis le paysage est tellement beau qu’il me faut rouler lentement pour en profiter pleinement…
Arrivée au Col de Vars, je m’empresse de faire la traditionnelle photo… non non, je n’ai pas changé de véhicule… !!! courageux ils sont !!!! Je passe des Hautes Alpes aux Alpes de Haute Provence… et j’aurai décidément passé ces quelques jours à passer de département en département… Meurthe et Moselle, Vosges, Haute Saone, Doubs, Jura, Ain, Savoie, Haute Savoie, Isère, Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes, Var…
Je reprends la route pour descendre en direction de Barcelonnette, mais je bifurquerai à Jausiers, pour faire la boucle du Mercantour, qui passe par Saint Sauveur sur Tinée et Valberg. Je terminerai ma boucle par Barcelonnette.
Dans la descente du col de Vars, magnifique vue sur l’entrée de la Vallée de l’Ubaye
L’Ubaye que je croise à Saint Paul et que je suivrai jusque Jausier, avant de la retrouver en fin de journée quand je redescendrai sur Barcelonnette
A Jausiers, je prends à gauche la route la plus haute d’Europe, qui me mènera au col le plus haut de mon périple (Col de la Bonnette, à 2802 mètres)
Dernière photo d’un paysage encore bien vert et arboré… avec d’impressionnants blocs rocheux.
30 minutes et quelques centaines de mètres plus haut… la montagne est plus aride… plus rude… désertée par les arbres et les prairies. Elle est toutefois parée, par endroits, de délicats tapis de fleurs… la montagne est un grand jardin…
Il est difficile de les photographier... car dés que j'arrête la moto, elles se volatilisent comme par enchantement... mais le sol grouille de marmottes... qui mangent, surveillent... et sifflent pour prévenir les copines du danger...
Je poursuis inlassablement mon ascension… et plus je grimpe… plus je m’émerveille… je n’en suis pourtant pas à mon coup d’essai, mais à chaque fois l’émotion est plus intense encore…
J’atteinds enfin le sommet… les choses sont bien faites, le pic de la Bonnette est contourné par la route ce qui a permis de mettre en place un sens unique… petit confort très appréciable quand on voit la largeur de la route et le vide sur le côté …
Au sommet, quelques courageux cyclistes, et de nombreux motards… on se regarde, sans rien dire, point n’est besoin de parler pour savoir ce que chacun éprouve… la vue est splendide et on se sent petit… tout petit au milieu de cette immensité et l’émotion en est encore plus grande…
J’aurais malgré tout aimé pouvoir partager ce moment là…
Je reprends mes esprits, et songe à redescendre… le temps passe vite et j’ai encore un paquet de kilomètres à faire… Quelques photos saisissantes de la descente qui m’attend... Les points de vue sont grandioses… au fur et à mesure que j’avale les lacets qui me conduiront dans la vallée…
J’admire, je me régale, je m’exclame seule, à haute voix, tellement c’est beau… l'émotion est là... immense... et encore une fois, mon seul regret sera de profiter seule de ce spectacle grandiose.
Soudain, au détour d’un virage, je tombe sur un village entier abandonné…
C’est assez habituel en haute montagne de trouver des anciens villages d’alpage que notre vie moderne nous a contraint à abandonner. Mais là… c’est différent. L’organisation du village très régulière, stricte, me fait penser qu’il n’a rien d’un village d’alpage. De plus, les villages d’été n’étaient pas situés sur une route… mais on y avait plutôt accès par un sentier muletier… Je m’interroge… et trouve rapidement la réponse sur des panneaux d’information situés à l’entrée du village.
Pour étayer les informations figurant sur le panneau… je suis allée chercher ces fresques dans les maisons ouvertes… En voici deux
Un autre panneau raconte la vie et les coutumes d’enmontagnage… qui sont toujours exercées sur ces hauteurs... d'ailleurs, quelques dizaines de mètres plus bas, je rencontrerai les troupeaux…
Je continue ma descente pour rejoindre les Gorges de Valabres
En arrivant à Saint Sauveur sur Tinée, je ne suis qu’à 60 km de Nice… C’est un autre paysage, ça commence à sentir le sud… la chaleur est écrasante… et oh « peuchère »… lorsque j’ôte le casque, j’entends ces satanées cigales me casser les oreilles (ben oui, je sais, je ne suis pas normale, tout le monde aime entendre les cigales... mais moi, les cigales… elles me stressent !!!)
Au détour d’un virage, un ruisseau qui court me permet de me rafraichir un peu…
En montant sur le col de la Couillole (ben oui, j'y peux rien.. j'ai pas choisi l'itinéraire en fonction du nom des cols, promis !!!), j’aperçois le joli petit village de Roubion. La vue depuis le village est superbe… la végétation est plus présente que dans les cols franchis aujourd’hui… mais j’avoue une légère préférence pour les terrains arrides de la haute montagne… recouvert seulement de délicats tapis de petites fleurs...
J’arrive au col de la Couillole où je découvre que cette route a été inaugurée le jour de mes 5 ans… je vous l’accorde… c’est pas tout jeune !!!!
Belle vue du col avant de reprendre la route
Une petite pause au vol du Vasson
Après Barcelonnette, en remontant sur le Col de Cayolle, je rencontre le Var… que je remontrai, sans le savoir, jusqu’à sa source… Oui oui... ce petit filet qui coule dans ce grand lit vide... c'est le Var !!
La montée au col de la Cayolle fut… rafraichissante. En effet, la petite route qui sillonne entre les roches est très douce, peu pentue si je me réfère à celles que j’ai pris hier et aujourd’hui, et serpente entre des paturâges fleuris et très doux.
J’entre alors dans le Parc du Mercantour, dont j’avais suivi la bordure jusqu’à maintenant, et découvre la Source du Var.
La montagne est un jardin… je sais je l’ai déjà dit, mais je me le suis tellement répété au cours de ce périple… La nature se met en quatre pour nous concocter de magnifiques petits jardins secrets…C’est beau non… ??
Mine de rien… j’étais absolument toute seule sur ces petites routes… fin juillet, c’est quand même génial !!
Et le col de la Cayolle… dernier col de la journée…
En redescendant, je surprends une marmotte… elle se cache, immobile derrière de grandes herbes… elle ose croire que je ne l'ai pas vue !!! Je rejoins l’Ubaye qui me conduira au Lac de Serre Ponçon, que je longerai avec ravissement jusqu’Embrun, avant de remonter aux Orres pour ma dernière nuit en montagne…
L’Ubaye a creusé des gorges et la route est superbe…
J’arrive sur le Lac dont la vue, tout à coup, m’arrache un cri de stupéfaction… toute étonnée que je suis de le trouver déjà là…
Une petite photo des Demoiselles Coiffées du Pontis… (il y a un endroit, pas très loin d’ici, nommé « la salle de bal des demoiselles coiffées », où elles sont en nombre beaucoup plus important, cachées au fond d’une combe qui n’est accessible qu’a pied… mais je n’avais pas le temps d’y aller… je vous le recommande si vous passez dans le coin, je peux vous en indiquer trés facilement l'accès, c’est vraiment quelque chose d’unique…).
Je ne traine pas, le ciel se couvre et j’ai encore quelques 30 km à faire… je vais essayer d’arriver avant la pluie !!
Me voilà rentrée aux Orres... Une petite idée de la vue depuis chez mes amis…
Claude et moi allons voir si la génisse qu’ils ont gardé sous la maison a encore assez d’eau… elle était malade et trop faible au moment de l’enmontagnage et n’a pas pu prendre la route des Grands Vallons avec le troupeau… elle reste donc sous le village… et fait le bonheur des enfants qui passent, d’autant qu’elle n’est pas farouche et vient leur réclamer des carresses !!!
La preuve... c'est tout juste si elle ne vient pas lécher l'objectif de mon appareil...
Bilan de la journée : 11h de route pour 450 km environ
Dénivellées :
Embrun 870 m – Col de Vars 2111 m : 1240 m de dénivellée
Saint Paul 1470 m – Cime de la Bonnette 2802 m : 1332 m de dénivellée
Col de la Couillole 1678 m – Col de la Cayolle 2327 m : 650 m de dénivellée
Parcs traversés : Parc Naturel Régional du Queyras – Parc National du Mercantour
Dimanche 30 juillet : Les orres – Le Pontis (au bord du lac de Serre Ponçon), Col de Pontis, Le Lauzet-Ubaye, Seyne, La Javie, Digne, Les Mées, Villeneuve.
Au petit matin, je prends congé de mes amis qui partent soigner leurs veaux et vaquer à leurs occupations, pour reprendre la route. Je prépare mes affaires, charge la moto et cache la clé derrière le pot de fleurs avant de partir… cachette à laquelle personne ne penserait, bien évidemment !!!
Je longe à nouveau le lac de Serre Ponçon pour le quitter après Savines et prendre la direction du Pontis où je passerai faire un petit coucou à des amis vosgiens qui sont en vacances dans le coin… Puisque je suis sur la route du col, je décide de passer par le petit col de Pontis pour rejoindre la route de Digne.
La route est sinueuse, très étroite et offre une vue splendide sur le lac et les montagnes environnantes…
Admirez le bleu du ciel qui se confond avec le bleu du lac…
Je poursuis ma route, sans trop m’arrêter… je n’ai plus de col à franchir et je trouve le paysage un peu plus monotone… il fait très chaud… je descends vers le sud mais suis encore loin de la mer, aussi l’atmosphère est lourde et étouffante…
Comme j’étais bien dans mes montagnes…
Je m'arrête ce soir aux alentours de Manosque, chez mon amie de longue date, Maryline, que j'avais perdue de vue, et que je vais retrouver... J'en suis ravie...
Juste avant Manosque, je découvre un joli petit village que je photographie… dernière photo avant de prendre la route du retour… demain matin !
Bilan de la journée : 4h de route pour moins de 200 km
Le petit col de Pontis : 1300 m
Lundi 31 juillet : Villeneuve, Sisteron, Grenoble, Chambery, Aix les Bains, Bellegarde, Genève, Ferney Voltaire
Après une petite soirée retrouvailles (je n’avais pas revue mon amie depuis 9 ans…), j’ai eu bien du mal à tenir mon horaire dimanche matin… Je m’étais fixée une heure de départ… que j’ai différée d’une heure trente… occupées que nous étions à papoter ma vieille pote retrouvée et moi…
Je démarre donc sur les coups de 10h30 direction Sisteron… la route qui va me remonter dans mon petit coin du Nord Est… Je décide de passer dans le village des Mées, car j’avais aperçu ces monstres de pierre depuis la route en déscendant hier, et je voulais les voir de près… c’est très impressionnant.
Vers 13h, j’arrive sur les contreforts du Triève que l’on voit au fond. Je laisse derrière moi le Mont Aiguille.
Et, de l’autre côté de la route, je longe les balcons du Vercors, avec leurs corniches caractéristiques...
Le temps se couvre et c'est sous la pluie que j’aborde Grenoble… que je contourne pour aller en direction de Chambéry, tout en longeant le magnifique massif de la Chartreuse :
Arrivée au Lac d’Aix les Bains, je voulais vous faire une belle photo même sous la pluie… mais il m’a été impossible de traverser la route tellement la circulation était importante… et impossible de trouver une petite route qui aille vers le lac…
Plus je monte vers le Nord, plus le temps se gâte… on devine à peine le massif des Bauges dans les nuages… Quelques heures plus tard, je gagne le Jura, dont on apperçoit avec peine les premiers rebonds, en arrière plan
C’est donc trempée et assez fatiguée que j’arrive à Ferney Voltaire, aux portes de Genève, chez ma cousine pour y passer ma dernière nuit avant le grand retour…
Bilan de la journée : 400 km, 7h de route, dont 3 bonnes heures sous la pluie…
Massifs montagneux : Vercors, Triève, Chartreuse, Bauges, Massif du Mont Blanc (dans la purée de pois…), Haut Jura.
Mardi 1er aout : Ferney Voltaire, Col de la Faucille, Les Rousses, Morez, Morbier, Champagnole, Dole, Gray, Langres, Neufchateau, Nancy.
Une petite soirée avec ma cousine chez des amis connus en juin lors de son mariage… et une bonne nuit de sommeil… et me voilà prête. Après un solide petit déjeuner, je m'apprête à attaquer le col de la Faucille (par la face Sud !!) pour gagner le Haut Jura et ses verts paturâges…
La dernière fois que j’ai pris le Col de la Faucille, c’était avec la varadéro 125… cette fois, j’ai donc un élément de comparaison… et comme je l’ai fait plusieurs fois et que je connais ce col comme ma poche… il ne m’a pas fallu longtemps pour apprécier la différence !!!
Quel bonheur… dommage que le temps soit si maussade, car la vue sur le Lac Léman en montant la Faucille est quelque chose de magnifique…
Au détour d’un lacet
Je vous ai quand même fait une photo… si vous regardez bien, la tache grise au fond… c’est le lac Léman !!
J’arrive au Col de la Faucille sous un ciel gris gris gris… et il fait un froid polaire... comme souvent dans le coin d’ailleurs… ce qui n’est pas pour me déplaire, j'aime le Jura, et je sais qu'il y fait souvent froid. Une petite pause pour enfiler pull et gants d’hiver et c’est reparti !!
Arrivée aux Rousses, je décide de pousser jusque Bois d’Amont (des amis y ont une maison de famille… si des fois ils étaient là, j’irais me faire payer un petit café bien chaud…). Mais il n’y a personne…
Un petit arrêt le long du lac des Rousses et je file au centre de Bois d’Amont rattraper la route qui longera le lac sur son autre rive, celle qui se trouve au Sud.
Le temps ne s’arrange un peu qu’après Champagnole, et j’arrive à Poligny, la capitale du Comté, sous un ciel presque acceptable…pour retrouver le soleil quelques dizaines de km plus loin… un champ de tournesols m’invite alors à faire une pause, histoire de laisser les rayons du soleil me réchauffer un peu et sécher la moto !!!
Bilan de la journée : environ 400 km, 6h de route.
J’arrive chez moi en fin de journée… presque sous le soleil… un peu fatiguée mais avec dans la tête tellement de belles images et de bons moments… que c’est décidé… j’y retourne dés que possible !!
Un seul tout petit regret... ne pas avoir pu partager tous ces moments vraiment chargés d'émotion devant tant de grandeur, de calme, de beauté...